Introduction : une vue par la fenêtre
Les rues sont vides avec le retour du printemps. Le dude dans son VUS fait des U-turn sur un feu rouge à l’intersection. Une game de football se joue au milieu d’une rue passante à 4 heures de l’après-midi. La police passe 15 minutes plus tard, mais les joueurs-ses se sont déjà dispersé-e-s. Une majorité s’est cloîtrée en dedans.
La ville se remplit aussi. Lorsque je sors marcher le matin tôt ou tard le soir je rencontre des mouffettes et des ratons laveurs. Elles se promènent au milieu des rues. Les outardes se posent sur les berges habituellement bondées d’humain-e-s du fleuve, et transitent par les plans d’eau des parcs vides. La ligne d’horizon de l’autoroute est calme, peu de chars s’y promènent. La tranquillité prend place. Les oiseaux nidifient un peu partout. Les premières fleurs et les mauvaises herbes poussent et personne n’en fait l’entretient paysager. C’est beau. L’espace et la vie reprennent leurs droits innés le temps d’une pause.
Mes ami-e-s qui travaillent dans le système de santé sont déprimés. Certains voient leur clientèle en CHSLD se laisser mourir d’ennui quand ce n’est pas du virus. Les truckers, travailleurs agricoles et préposées aux bénéficiaires sont soudainement vus comme des « personnes importantes ». Tout le monde capote un peu sur l’effondrement économique et l’incertitude. Le besoin de socialiser et d’avoir des contacts humains chaleureux ronge chaque jour un peu plus.