La Saint-Jean

La Saint-Jean pour moi c’est toujours la même chose. Je voudrais écouter des bands qui m’intéressent et danser, me déhancher, tout en essayant de séparer l’esprit de fête de l’événement des excès de nationalisme.

Quand j’ai consulté la météo le matin du 24, on prédisait de la pluie pendant l’après-midi et peut-être le soir. Le grand spectacle au Parc Maisonneuve débutait à huit heures. Il y avait aussi un spectacle qui commençait au Parc Laurier à quatre heures.

Vers quatre heures et quart le spectacle au Parc Laurier n’avait pas encore commencé puis une pluie diluvienne s’est abattue sur le site. J’ai fini par aller chez moi.

Vers huit heures, on ne prédisait plus de la pluie. Aller au Parc Maisonneuve semblait trop loin, alors je suis allé de nouveau au Parc Laurier.

Depuis deux ans, un événement indépendantiste a eu lieu au Parc Laurier le 24 juin, organisé par OuiQuébec, “l’organisme-parapluie de la société civile indépendantiste organisée” d’après leur site. L’année passée je n’ai pas assisté à leur spectacle mais j’étais dans le parc pendant l’après-midi quand un jeune homme qui portait un t-shirt de l’événement m’a abordé pour me proposer un exemplaire gratuit d’un petit livre qui prônait l’indépendance. Je lui ai expliqué que j’ai déjà été indépendantiste il y a longtemps mais que ce n’était plus le cas depuis que j’ai viré anarchiste. Il m’a parlé de sa vision d’un indépendantisme inclusif, un discours que je trouvais naïf. L’option a toujours été menée par et pour les de souches.

Sur le site de OuiQuébec on disait que l’événement du 24 était organisé par les jeunes du mouvement et bâtir un relève était clairement un but principal.

Dans un kiosque on vendait des t-shirts de l’événement à trente piasses. Il y avait aussi beaucoup de bebelles gratuites, des collants (“le français, langue commune” ; “Québec vert, Québec libre !”), des macarons oui, ainsi qu’une “édition revue et augmentée” du petit livre indépendantiste que je mentionnais tantôt.

Sur le site, on avait érigé une cabine où il y avait un vieux téléphone placé sur une petite table. Une voix dans le récepteur nous invitait à laisser un message pour le Québec. Au fond était un drapeau du Québec avec Québec libre écrit dessus. Plus tard j’ai remarqué que le drapeau avait disparu. Il paraît que quelqu’un était en manque.

En effet, il ne manquait pas de drapeaux au show, des petits, des grands, ce qui était normal le 24, mais j’avais l’impression que l’événement avait attiré bon nombre de gens qui ne venaient pas du quartier. 95% des visages étaient blancs ce qui ne représente pas la diversité qu’on voit sur la Rue Mont-Royal, présentement fermée aux chars. Il faut dire qu’il s’agit d’un drapeau particulièrement problématique, ce drapeau duplessiste avec sa croix et symboles royalistes.

Animé par une jeune femme débordante d’énergie, l’événement se déroulait avec de la musique et des discours patriotiques, à l’alternance. Concernant ces derniers, il me semblait que rien n’a changé depuis cinquante ans.

L’ironie c’est que, malgré toute cette ferveur, la possibilité d’atteindre l’indépendance est en réalité presque nulle. L’appui à l’indépendance reste significatif, entre trente et quarante pour cent. Mais pour beaucoup de raisons, arriver à cinquante pour cent représenterait un défi énorme. Les boomers sont en train de crever. Les jeunes, en général, s’intéressent moins à l’option que les générations précédentes. Les immigrants se demandent ce que ça pourrait bien leur apporter.

C’est vrai que l’appui au PQ augmente et que les controverses de la CAQ s’accumulent. On reste quand même très loin d’un autre référendum.

Je me déplaçais dans la foule quand il me semblait que quelqu’un derrière moi m’adressait la parole.
“Papa, papa.”
Je me suis retourné. Quatre hommes me regardaient en rigolant.
“Papa, papa.”
L’un d’eux s’est approché de moi.
“Papa, papa.”
Je l’ai dévisagé sans réagir puis je m’en suis allé.

Plus tard, une jeune femme m’a abordé pour m’informer que je ressemblais à Jean Leloup “mais de dos.”

Hmm…. Définitivement on me prend pour un autre icitte.

Sur le stage, plusieurs jeunes indépendantistes mettaient le paquet. Mais leurs “Québec libre” posent la question : comment est-ce que la création d’un État rendrait les gens libres ? C’est complètement farfelu.

L’événement terminé, rapidement des chars de police ont commencé à sillonner le parc en annonçant que le parc était fermé, genre vive l’État libre.

Hmm…

Ce contenu a été publié dans General. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.