Y’a combien de personnes qui ont une maison ou un condo ou un simple appartement en ville et un chalet sis dans ladite région ? Des dizaines de milliers.
Y’a combien d’hectares de forêt qui sont rasées pour construire ces chalets ? Combien de 2×6 et de planches de bois traité pour les decks des chalets ?
Combien de pieds carrés de terrain sur des routes de garnotte qui servent à loger des villégiateurs de fin de semaine ?
Combien de lacs cernés d’habitations humaines ? De plages privées et de bateaux à moteur?
Non content de prendre déjà assez d’espace, de repousser toutes les autres formes de vie, l’humain veut en prendre deux fois plus. Comment ça se fait qu’on pense être assez légitime pour avoir deux maisons ? Je suis tellement importante que j’aurai droit au double, attendons par là le double d’un nord-américain de la classe moyenne, pas le double de tous les humains là. Où est la logique dans le fait de détruire la nature pour s’en approcher ?
Y’a combien de kilomètres de route qui traversent des territoires pour se rendre à ces chalets ?
Tasse-toi, c’est mononcle avec son pick-up, son 4 roues, son bateau qui passe. C’est pas une blague, c’est ce qui se passe, tous les vendredis soirs, la file de char sur les routes régionales.
Combien de kilomètres de route pour sortir le bois de la forêt, transporter des laitues de la Californie qui brûle, sur lesquelles roulent les camions de livraison d’Amazon et les winnebagos ?
Selon les statistiques du gouvernement, dans la province du Québec en 2017 il y avait plus de 139 000 km de routes (et un nombre encore plus grand de véhicules lourds), et sûrement bien davantage en fait qui ne sont pas comptabilisées. Fucking 140 000 km de long !
Quand les urubus tournent en rond.
Des carcasses. Une image si vive de la destruction humaine. Une mort inutile.
Un char qui frappe une bête sauvage (ou domestique, mais le plus souvent c’est un animal sortant simplement de son bout de forêt ou de champ).
Sans conséquence. Tu frappes un écureuil et y’a rien qui va se passer. Tu frappes un renard et tu vas perdre un peu le contrôle. Bon tu frappes un chevreuil et ton char est bon pour la scrappe.
Mais un oiseau s’écrase sur ton pare-brise, à 120 à l’heure, tu ne t’en rends même pas compte.
Ces routes partout, littéralement partout. Qui morcelle le territoire, l’émiettent, le hachurent. Comme autant de trait de chainsaw.
On va avoir du fun en fin d’semaine au chalet ! Un raton écrasé. Vite oublié.